Comment préparer ton enfant aux changements importants?
La décision est prise, vous allez déménager et tu ne sais pas comment l’annoncer à ton enfant. Il va devoir quitter ses copains et tu angoisses à l’idée de sa réaction. Comment aider un enfant lors d’un changement important dans sa vie? Nouvelle école, future naissance, maladie ou décès, déménagement, séparation ou recomposition familiale, autant de situations qui vont venir bouleverser le quotidien routinier de nos enfants.
Comment les accompagner dans ces moments de transition? Leur apprendre la nouvelle, puis les préparer à accepter et gérer de nouvelles habitudes, peut sembler insurmontable. Si tu comprends la manière dont les enfants réagissent aux changements et si tu communiques ouvertement avec eux, tu devrais pouvoir les soutenir et apaiser leurs inquiétudes.
À quel type de transition fait-on référence?
Toute situation qui vient perturber certaines habitudes en place, va nécessiter un temps de transition plus ou moins long. Cette modification du quotidien va générer du stress, de l’anxiété, car l’enfant va voir ses repères chambouler.
C’est notamment le cas lors :
- De l’entrée en maternelle, puis des passages en élémentaire, au collège, voire au lycée : nouveaux enseignants et camarades, nouveaux lieux et types d’enseignement, autres rythmes de travail, etc.
- D’un déménagement, avec des implications plus ou moins lourdes de conséquences : changement ou non d’établissement scolaire ; éloignement ou non de ses amis ; nécessité de nouer de nouveaux liens d’amitié, etc.
- De la séparation des parents et de ses conséquences émotionnelles pour tous les protagonistes et de la mise en place d’un système de garde, quel qu’il soit.
- De l’arrivée d’un nouveau partenaire de vie pour les parents séparés.
- D’une maladie, d’un accident grave ou d’un décès dans la famille ou dans l’environnement proche (comme l’école) et d’une première confrontation à la mort.
- De l’agrandissement de la fratrie.
- De disputes de plus en plus fréquentes entre les parents.
- De la reprise du travail par le parent jusqu’alors au foyer.
- De la puberté, etc.
Le changement peut être anticipé dans certains cas. Il est parfois inattendu, excitant ou douloureux. Il peut aussi être vécu comme un soulagement. Il représente presque toujours un défi, quelquefois légèrement déstabilisant, voire traumatisant.
Face à une situation stressante, tous les individus, qui plus est, les enfants, ne réagissent pas de la même façon. Différents facteurs entrent en jeu.
À chaque tempérament sa réaction
Le tempérament de chacun impactera ses réactions émotionnelles. L’intensité de ces dernières sera plus ou moins grande.
Néanmoins, une chose est sûre : les moments de transition peuvent provoquer du stress. Et ce dernier ne se manifestera pas toujours de la même manière :
- Certains enfants seront plus enclins à l’anxiété. Celle-ci transparaîtra à travers des crises de larmes, qu’elles soient de colère ou de tristesse, des maux de ventre, de l’eczéma, un sommeil perturbé…
- D’autres feront preuve de résilience. Ils resteront de marbre, voire mutiques. Ils feront comme si de rien n’était. Ils suivront le mouvement. Mais rien ne dit qu’ils ne seront pas profondément affectés.
Plus tu connais le tempérament de ton enfant, plus tu pourras adapter le soutien nécessaire lors d’un changement de vie, que celui-ci soit a priori heureux ou malheureux.
À chaque âge et situation, sa gestion des émotions
L’accompagnement à apporter à son enfant dépendra également de son âge. Nous ne sommes pas outillés de la même manière à 5 ans, 12 ans, 20 ans et 35 ans pour faire face aux tempêtes émotionnelles. Nous n’avons pas le même bagage d’expériences et les acquis que l’on a pu en tirer. Tout comme on ne vit pas les choses de la même manière à 7 ans qu’à l’adolescence.
Prenons l’exemple de l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur. L’aîné encore jeune peut mal le vivre, en enchaînant les crises de jalousie, face à ce petit être qui lui accapare ses parents. A contrario, vers 8 ans, ce grand frère ou cette grande sœur pourra montrer un enthousiasme débordant à l’idée de s’occuper du bébé. Mais il faut bien garder à l’esprit que la réaction de l’enfant dépend surtout de son caractère et de sa sensibilité.
Dans le cas du décès d’un grand-parent, un jeune enfant sera plus ou moins affecté selon les liens qu’il avait avec son ancêtre. Il peut par contre être beaucoup plus touché par la peine éprouvée par son papa ou sa maman. Mais il n’y a aucune généralisation possible. Chaque enfant est tellement différent!
Communiquer avec l’enfant pour le préparer au changement
Une communication ouverte et rassurante
Savoir communiquer et donc écouter sont deux principes incontournables des relations humaines. Difficile de faire sans pour accompagner son enfant. Face à sa perte de repères, il aura besoin d’un cadre et de mots rassurants, d’un espace dans lequel il se sentira écouté et compris. L’enfant doit pouvoir s’exprimer, poser des questions, partager ses inquiétudes s’il en ressent le besoin.
On dit souvent que les enfants sont des éponges. J’ai plusieurs situations vécues en tête, comme cette petite fille de 2 ans et quelques mois, ce petit rayon de soleil qui subitement s’est assombri. Je décelais une angoisse, elle pleurait facilement. Cela ne lui ressemblait pas. Au bout de quelques semaines, j’ai constaté que sa maman attendait un bébé. Nous en avons parlé ouvertement devant cette future grande sœur, qui a alors retrouvé le sourire. Elle avait senti le changement à venir, mais les mots n’avaient pas été posés.
Je repense également à cette enfant de 6 ans. Sa maman me contacte un jour. En larmes, elle me dit que sa fille pense que son papa est mort. J’apprends alors que le père est en fait en prison. Mais la maman a préféré dire à son enfant qu’il était en vacances à l’étranger. En l’absence de nouvelles paternelles, cette petite fille avait fini par sentir qu’il y avait anguille sous roche. J’ai conseillé à la maman de dire la vérité à sa fille. Je ne vous cache pas que cette enfant a pleuré. Mais elle a pu ensuite parler de son papa avec d’autres enfants, ce qu’elle n’avait jusqu’alors jamais fait.
Des mots adaptés
Si tu connais le changement à venir, n’attends pas le dernier moment pour en parler. Sans pour autant l’annoncer trop longtemps à l’avance. Je pense par exemple à l’entrée en maternelle. Il n’est pas nécessaire de l’évoquer tous les jours pendant les 3 mois qui précèdent. Une visite de l’école en juin, quand c’est possible, permet de poser un premier jalon, de prendre des photos. Puis, quelques jours avant la rentrée, tu peux en reparler, expliquer ce qui va se passer. Il faut bien sûr éviter de mettre la pression à son enfant concernant sa continence (sa propreté), sous prétexte qu’il rentre à l’école. Cela peut provoquer chez certains de l’angoisse et un blocage.
Il n’est jamais évident de trouver le bon moment et les bons mots pour partager un changement important à sa famille. Il ne faut pas pour autant repousser ou ne jamais le faire, quel que soit l’âge des enfants. Engage une discussion honnête et explique les raisons de la situation à venir, avec des mots adaptés à son âge.
Dans certains cas, il est aussi possible d’impliquer l’enfant : choix d’un doudou ou d’un vêtement pour le futur bébé ; préférence de couleur pour les murs de sa chambre dans la nouvelle maison ; achat de son petit sac pour l’école ou de son cartable pour l’entrée au CP. Toutes les événements ne s’y prêtent pas, mais quand l’enfant peut prendre part au changement, cela l’aidera à mieux le vivre.
Des livres et des jeux
Certaines discussions sont difficiles à amorcer, certains messages compliqués à faire passer. D’autant plus quand on est soi-même émotionnellement très touché. Tu peux alors recourir à des albums jeunesse qui abordent le sujet : naissance, mort, maladie, déménagement, entrée à l’école, etc. Le recours à des livres et des jeux peut rendre la transition plus concrète pour l'enfant. Il se projette en voyant que des personnages vivent des situations similaires.
Aider un enfant lors d’un changement important: 3 conseils pratiques
1 - Maintenir des routines stables
Face au changement, l’enfant a d’autant plus besoin de se sentir en sécurité. Garder des habitudes lui offrira une certaine tranquillité d’esprit, au moins dans son quotidien. Cela permet de contrebalancer l’imprévu qui s’annonce par des éléments journaliers prévisibles. En cas de déménagement, retrouver des repères familiers en remettant en place la routine précédente aidera l’enfant à être plus serein :
- horaires fixes pour les repas ;
- bain inscrit au planning au même créneau que précédemment ;
- rituels du coucher…
Il peut être très aidant de rappeler à l'enfant tout ce qui ne va pas changer dans sa vie.
2 - Être à l’écoute
Savoir écouter son enfant, ce n’est pas seulement entendre ses mots. C’est aussi l’observer dans son attitude, son comportement, ses réactions. Un enfant exprime souvent tout autant en non verbal qu’avec la parole. À travers son corps et ses propos, il va exprimer ses émotions. Tu peux l’aider en tant que parents à mettre des mots sur ce qu’il ressent, à se sentir entendu et compris. Écouter son enfant va au-delà du temps d’annonce du changement à venir. Cela devrait bien sûr être ancré dans les relations de tous les jours. Néanmoins, une attention toute particulière doit être accordée à la qualité de l’écoute que l’on offre, avant, pendant et après l’événement.
3 - Faire appel à un soutien professionnel
Parfois, malgré le soutien que l’on apporte à son enfant, l’intervention d’un psychologue peut s’avérer nécessaire lorsqu’un changement le bouleverse.
Surveille notamment les signes suivants :
- Niveau d'anxiété élevé : il se manifeste par des crises de panique, des troubles du sommeil, ou un refus de participer à des activités normales. Il affecte sa vie quotidienne, ses interactions sociales ou ses performances scolaires.
- Changements de comportement inquiétants : ton enfant devient agressif, régresse significativement, s’isole.
- Problèmes émotionnels persistants : l’enfant montre une tristesse profonde, une colère incontrôlable, ou une perte d'intérêt pour des activités qu'il aimait jusqu’alors.
- Troubles du comportement alimentaire : ton fils ou ta fille refuse de s’alimenter, vomit sans signe de gastro, mange constamment (anorexie, boulimie…) ou entretient une relation malsaine avec la nourriture.
- Pensées suicidaires : oui, un jeune peut s’automutiler, exprimer des idées noires.
Apprendre à communiquer avec tes enfants permet d’apaiser les relations au quotidien et d’affronter des situations plus ponctuelles, voire exceptionnelles comme celles évoquées dans cet article.