Comment aider les enfants à développer leurs compétences psychosociales?
Développer les compétences psychosociales (CPS) chez l'enfant dès le plus jeune âge n’est pas une nouvelle mode, ni une lubie. Les recherches scientifiques ont démontré le rôle de ces compétences douces dans le bien-être émotionnel des individus, la réussite scolaire des enfants et les relations aux autres. D’ailleurs, l’école s’y intéresse de plus en plus et souhaite leur accorder une place à part entière. Cet article te dévoile ce qui se cache et se joue derrière ce terme de compétences psychosociales. Il t’aide à comprendre comment les développer chez ton enfant.
Histoire des compétences psychosociales
Peut-être as-tu déjà entendu parler de soft skills ou compétences transversales? On les nomme aussi compétences socio-émotionnelles ou douces. Il s’agit des compétences psychosociales ou CPS.
Elles sont nommées, dès 1986, dans la charte d’Ottawa publiée par l’Organisation mondiale de la santé. Elles constituent l’un des cinq axes d'action de promotion de la santé. Elles sont reconnues comme stratégiques en matière de prévention.
En 1993, elles sont précisément identifiées dans un document édité par l’OMS. Elles étaient alors au nombre de 10, associées par paires :
savoir gérer son stress et ses émotions;
avoir une pensée créatrice et critique;
être capable de résoudre des problèmes et de prendre des décisions;
avoir conscience de soi et de l’empathie pour les autres;
savoir communiquer et être habile dans les relations interpersonnelles.
Les 9 compétences psychosociales
En 2000, l’OMS les classe finalement en 3 catégories. On distingue ainsi les compétences sociales, émotionnelles et cognitives. En 2021, Santé Publique France a réalisé un état des connaissances scientifiques et théoriques sur les CPS. L’organisation a ainsi publié, en février 2022, un référentiel de ces compétences psychosociales afin de les déployer auprès des enfants et des jeunes.
Dans ce document, la nouvelle classification propose 3 CPS dans chacune des catégories suivantes:
compétences émotionnelles:
avoir conscience de ses émotions et de son stress;
réguler ses émotions;
gérer son stress;
compétences sociales:
communiquer de façon constructive;
développer des relations constructives;
résoudre des difficultés;
compétences cognitives:
avoir conscience de soi;
être capable de se maîtriser;
prendre des décisions constructives.
Ces compétences ont été identifiées comme essentielles pour favoriser la santé physique, psychique et sociale, le bien-être et le développement harmonieux des enfants. Elles aident les individus à répondre efficacement aux exigences de la vie quotidienne. Depuis les années 2000, l’Unicef appuie l’implantation de programmes et parcours éducatifs visant à développer ces CPS à travers le monde.
Leur développement commence dès le plus jeune âge et se poursuit tout au long de la vie. Il est influencé par les expériences, les rencontres, les difficultés et les réussites de chaque individu.
Quel est l’impact des compétences psychosociales dans le développement de l'enfant?
Chez les adultes, particulièrement en tant que parents, les compétences psychosociales contribuent à des pratiques éducatives vraiment aidantes pour l’enfant. Les impacts sont particulièrement positifs.
Développer ces compétences permet de:
faire preuve de plus d’empathie;
répondre de façon adéquate aux besoins fondamentaux de tes enfants;
mettre en œuvre des règles constructives.
Un cercle vertueux s’établit puisque tes compétences et pratiques éducatives te permettent d’établir des relations positives et harmonieuses avec tes enfants. Du coup, cela conduit à se sentir plus efficace dans la parentalité au quotidien.
Les CPS renforcent ainsi les relations parent-enfant. Elles les protègent notamment contre divers troubles comportementaux et de santé mentale.
Les compétences psychosociales jouent en effet un rôle primordial dans le développement global de l'enfant. Leur impact va bien au-delà de la simple habileté à interagir socialement. Elles influencent profondément :
son bien-être émotionnel;
sa réussite scolaire;
ses relations avec les autres.
Elles apportent des bénéfices significatifs tout au long de la vie. Elles renforcent l’estime de soi et les capacités de résilience.
Il a également été constaté que l’enfant, l’adolescent, auprès de qui les CPS auront bien été partagées, aura moins tendance à s’associer à des pairs aux comportements antisociaux. Son niveau d’anxiété et de dépression restent généralement faibles.
Comment développer les compétences psychosociales à la maison?
L’importance des compétences psychosociales étant posée, comment les transmettre à ton enfant? D’ailleurs, puisque l’on parle de compétences, s’agit-il d’un enseignement comme pour les multiplications, la conjugaison ou la grammaire? Où et comment les enfants peuvent-ils cultiver ces CPS?
Si l’école tente de faire entrer les CPS dans les programmes déjà fort riches, leur développement commence à la maison auprès des parents. Par ailleurs, comme la plupart des apprentissages, ces compétences se construisent sur un temps long, par l’expérience, la rencontre de situations diverses et variées.
Quand il s’agit de l’acquisition de notions scolaires, ce temps long disparaît derrière un découpage en petits objectifs, atteints chacun rapidement, les uns après les autres. Les compétences socio-émotionnelles n’offrent pas un résultat visible après quelques heures d’entraînement. Elles se construisent avec ce que vit l’enfant, mais aussi la maturation de son cerveau.
Créer un environnement propice à l’apprentissage des compétences psychosociales
Pour apprendre, les enfants ont besoin d’un cadre sécurisant et soutenant. Ils doivent pouvoir être accueillis dans leurs émotions et pouvoir exprimer et partager ce qu’ils vivent.
Et en même temps, pour cultiver les relations interpersonnelles, la cellule familiale doit s’ouvrir pour offrir aux enfants l’opportunité de rencontrer différentes personnes, cultures et situations. C’est ainsi qu’ils vont élargir leur compréhension du monde et renforcer leur capacité à interagir avec divers environnements.
Enfin, l’environnement que tu offres à ton enfant doit reposer sur un juste équilibre entre structure et flexibilité. Si le maintien des routines et des règles est primordial pour le bon développement de ton enfant, une certaine souplesse lui permet d’explorer et d’apprendre de manière créative.
Offrir un modèle parental authentique
Proposer un modèle parental à tes enfants, ne signifie pas qu’il faut viser la perfection. De toute façon, le parent parfait n'existe pas, et ce n’est pas ça dont ton enfant a besoin. Les enfants apprennent en grande partie par imitation. Ils observent et reproduisent le comportement de leurs parents. Le mieux n’est-il pas alors d’être soi-même, d’être authentique?
- Un parent qui agit comme il aimerait que ses enfants le fassent.
- Un parent qui admet que parfois, il se trompe.
- Un parent qui montre alors
- des réactions émotionnelles saines;
- une communication respectueuse (sans saboteurs!);
- une résolution de conflit constructive.
Ce qui est structurant pour un enfant, c’est d’avoir un parent dont l’attitude est congruente, c'est-à-dire en adéquation avec la situation.
Offrir un exemple sur lequel l’enfant peut s’appuyer, c’est aussi encourager et féliciter les comportements qui reflètent l’acquisition de compétences psychosociales : de l’empathie, de la créativité dans la résolution de problèmes…. Une telle attitude renforce positivement les apprentissages de l’enfant.
Agir au quotidien pour cultiver les compétences psychosociales chez l’enfant
Comment se traduit jour après jour ce travail sur les compétences psychosociales auprès des enfants?
- Par des pratiques cohérentes et intégrées dans la vie de tous les jours:
- des dialogues et conversations ouvertes sur les émotions, les expériences vécues ;
- le partage de tâches familiales pour développer la coopération et offrir des opportunités de résolution de problèmes dans des situations du quotidien.
- la réalisation d’activités artistiques (dessin, peinture, musique, etc.) ou ludiques (jeux de société, puzzle, escape game…) en famille, etc.
- Par des activités de groupe comme les sports d’équipe, des pratiques sportives en club (danse, gym, athlétisme, équitation, etc.) afin que les enfants renforcent leurs compétences relationnelles, leur esprit d’équipe, etc.
- Par des jeux symboliques comme jouer à la poupée, préparer le repas des peluches, raconter des histoires avec des Playmobil ou des Legos, etc. Tu accompagnes ainsi ton enfant dans la simulation d’une situation sociale afin qu’il explore différentes perspectives et réactions émotionnelles.
Tu as peut-être déjà de telles stratégies en place. Bravo! Elles contribuent au développement des compétences psychosociales de tes enfants. Cela les prépare à prendre confiance en eux, à intégrer les apprentissages scolaires et à mener des relations saines avec les autres. Ce sont les pré-requis pour qu’ils deviennent des adultes équilibrés et compétents. D'ailleurs, les "sofskills" sont de plus en plus recherchées dans le monde du travail aujourd'hui.
Quel est le rôle de l’école dans le développement des compétences psychosociales?
Les compétences psychosociales à l’école : une idée qui fait son chemin
Face aux problèmes de harcèlement scolaire, des cours d’empathie sont expérimentés de janvier à juin 2024 dans un millier d’écoles françaises. Il est de plus en plus question d’accorder une place spécifique aux CPS dans la longue liste des enseignements scolaires. La comparaison est souvent faite avec les écoles scandinaves. Au Danemark, les cours d’empathie sont obligatoires. Ce pays est, avec la Suède et l’Islande, un de ceux en Europe où le taux de harcèlement scolaire est le plus bas (enquête sur le bien-être des élèves - Institut d'État pour la santé publique, 2022).
Depuis 2007, le Danemark a mis en place, dans ses écoles, le programme « Fri For Mobberi » (libéré du harcèlement). Diverses études ont révélé des impacts positifs sur les enfants, qui se montrent plus attentifs et serviables, plus enclins à exprimer leurs émotions et à gérer les conflits par eux-mêmes. Ils font preuve de plus de bienveillance entre eux. Des retours positifs ont également été constatés par les équipes qui ont testé le programme en 2022/2023 en Ile-de-France.
Il est certain que l'école fournit un cadre unique où les enfants peuvent apprendre et pratiquer ces compétences essentielles à travers diverses activités et programmes. Mais cela ne peut se faire qu’en complément de l’environnement familial.
D’autant plus que l’intégration de cet enseignement n’est pas réalisable en un claquement de doigts.
Cela nécessite un accompagnement au changement des équipes pédagogiques déjà porteurs d’énormes responsabilités. Les enseignants doivent être formés à l’enseignement de ces CPS dans le cadre spécifique des situations de classe et d’école.
Des compétences psychosociales déjà présentes, mais non affichées comme telles
Dans les programmes, des matières comme l’enseignement moral et civique offrent déjà des temps de réflexion sur des composantes des CPS, sans pour autant les citer. L’EMC travaille notamment la notion de respect d’autrui, mais aussi respect de soi. Un des quatre domaines s’intéresse à la culture de la sensibilité en lien direct avec le travail sur ses émotions et celles des autres. La culture du jugement permet de travailler les capacités d’analyse, de discussion, d’échange et de confrontation des idées. Quant à la culture de l’engagement, elle est en lien direct avec la responsabilité, la coopération, la participation active.
Ces compétences psychosociales pourront d’autant mieux s’exprimer et se développer dans le cadre scolaire que les adultes encadrants y seront sensibles et formés, comme à la communication non violente par exemple. La majorité d’entre eux cherchent déjà à créer une atmosphère scolaire où respect, coopération et inclusion sont valorisés… sans pour autant être accompagnés, simplement en s’autoformant. La plupart constatent qu’un tel environnement d’apprentissage positif aide les élèves à développer des compétences relationnelles saines… et à apprendre.
Des travaux de groupe et des projets collaboratifs participent typiquement au développement d’une compréhension nuancée de l’information des élèves. Cela contribue à renforcer leur esprit critique et leur système relationnel. L’adulte intervient comme médiateur si nécessaire pour aider le groupe à résoudre sereinement des problèmes éventuels.
Un travail sur les émotions est également très souvent mené en maternelle, avec ou sans intervenants extérieurs. Et les enseignants essaient tout au long de la scolarité d’éduquer aux médias, à l’information, à l’image pour développer la pensée critique et l’analyse des documents.
Les choses bougent, dans le bon sens. Néanmoins, l’identification de ces compétences et de leur impact sur le développement de l’enfant est assez récente. Leur intégration en tant qu’éléments conscients dans l’éducation se fait sur un temps long d’assimilation, qui passe par l’implication des parents et de l’ensemble des acteurs éducatifs.
Quels sont les défis et solutions pour apprendre les compétences psychosociales?
Sur le papier, l’apprentissage des CPS ne devrait a priori poser aucune difficulté, une fois qu’on a compris ce qui se cache derrière. On les travaille finalement naturellement au quotidien.
Cela n’empêche pas de rencontrer des obstacles et c’est complètement normal.
Parmi ceux-ci, tu peux faire face à :
- un manque d'exposition ou d'opportunités pour que tes enfants pratiquent ces compétences, en dehors du cadre familial et de l’école, soit en raison de l'isolement social, géographique, soit en raison d'un environnement familial ou scolaire restreint;
- des difficultés émotionnelles ou comportementales de ton enfant qui peut souffrir d'anxiété ou de dépression par exemple;
- l’influence négative des médias ou d’un environnement familial dysfonctionnel ou encore la pression d’un groupe…
Dans de tels cas, n’hésite pas à :
- Provoquer les opportunités sociales en regardant l’agenda des manifestations pour enfants dans la ville la plus proche: les bibliothèques organisent parfois des événements réguliers. C’est l’occasion de retrouver des têtes connues et de nouer petit à petit des relations.
- Discuter avec ton enfant de ce qu’il voit et entend dans les médias, dans ses groupes de relation, etc: évoquer une situation, se questionner, essayer de comprendre les tenants et les aboutissants l’aidera à développer sa pensée critique, à donner son avis, à renforcer son estime de soi et à résister aux pressions négatives. Cela lui sera d’autant plus utile s’il semble facilement influençable.
- Solliciter l’aide d’un professionnel afin qu’il apporte un soutien émotionnel et comportemental à ton enfant, mais également à toi en tant que parent. L’enfant peut avoir besoin d’une aide thérapeutique psychologique.
Généralement, les compétences psychosociales s'acquiert naturellement quand les relations au sein de la famille sont saines et sereines. Si tu ressens de la tension dans tes relations avec tes enfants, et que tu rêves d'un quotidien apaisé avec des relations fluides, ma méthode Au delà des mots répond exactement à cela. N’hésite pas à me contacter. Nous explorerons ensemble ta situation et je pourrai te proposer des solutions qui t’aideront à apaiser ces relations filiales.