Comprendre et gérer le burn-out parental
Le burn-out parental toucherait plus d’un tiers des parents. Il concernerait deux tiers de femmes et un tiers d’hommes. L’épuisement parental n’est donc pas un phénomène rare et anodin. Il est loin d’être bénin dans ses conséquences tant pour le parent concerné, les enfants, la famille en général.
Mais dans notre société actuelle, est-il possible de s’en prémunir? Je te propose d’examiner les causes du burn-out parental, ses manifestations et les actions qu’il est possible de mener pour le prévenir ou le soigner s’il est déjà installé.
Un épuisement global qui touche avant tout les femmes
Le burn-out parental est un état d'épuisement physique, émotionnel et mental. Il résulte des pressions et des exigences incessantes de la parentalité, ainsi que, souvent, de notre méconnaissance de l’enfant et de la faiblesse de nos compétences en communication. Cette forme d'épuisement se manifeste lorsque les parents se sentent dépassés. Ils ne parviennent pas à répondre aux besoins constants de leurs enfants. Et ils jonglent avec leurs propres responsabilités et attentes.
En février 2022, une enquête publiée par Statista, a révélé que 40% des mères estimaient qu’elles risquaient d’être un jour confrontées à un burn-out parental, même si elles n’étaient pas touchées au moment du sondage.
Par ailleurs, environ 34% des mères étaient soit en plein burn-out parental, soit avaient déjà expérimenté une telle situation par le passé. Cette même étude montrait qu’en 2022, en France, la charge mentale des femmes était avant tout impactée par cette recherche d’un équilibre entre leur vie privée et professionnelle.
Les avancées de nos sociétés en termes d’engagement parental existent, mais restent encore mineures. Selon plusieurs études européennes sur le sujet, 70% de la charge liée à l’éducation des enfants, à leurs soins est assuré par les mères. Ces dernières sont davantage exposées au stress causé par la parentalité.
Burn-out parental vs burn-out professionnel
En comparaison au burn-out parental, le burn-out professionnel se réfère à un état similaire d'épuisement, mais dans le contexte du travail. Comme dans le cas du burn-out parental, il implique l'épuisement émotionnel, la dépersonnalisation (ou le cynisme envers le travail) et une diminution du sentiment d'accomplissement professionnel.
La principale différence réside dans les facteurs déclencheurs. Le burn-out professionnel est souvent lié à des conditions de travail, telles que la surcharge de travail, le manque de contrôle ou de reconnaissance, tandis que le burn-out parental découle en partie des défis et pressions de l'éducation des enfants.
Néanmoins, dans les deux situations, on trouve régulièrement un point commun : un système relationnel dysfonctionnel, qui épuise les mamans et les papas.
Le burn-out, quel qu’il soit, est fréquemment multifactoriel. Plusieurs causes, prises tant dans le domaine professionnel que familial, peuvent se cumuler et le déclencher. Prenons l’exemple de l’épuisement professionnel, une mère qui occupe un poste rémunéré, a un risque 23% plus élevé de déclencher un burn-out professionnel qu’un père, dans une situation similaire (étude Great Place to Work et Maven). On voit bien l’impact que peut avoir la charge mentale tant familiale que professionnelle dans le phénomène d’épuisement excessif.
Les symptômes du burn-out parental
Contrairement à la fatigue occasionnelle que tous les parents connaissent, le burn-out parental est plus profond et persistant. Il se caractérise par trois composantes principales:
l'épuisement émotionnel et physique intense, qui se traduit par une fatigue constante, un manque d’énergie, ce sentiment d’être vidé physiquement et émotionnellement, au point qu’une bonne nuit de sommeil ne suffit plus à se ressourcer;
la sensation de détachement ou d'indifférence envers ses enfants, qui découle de cet épuisement: c’est une composante particulièrement alarmante, car elle peut affecter la relation parent-enfant;
un ressenti d'incompétence dans son rôle de parent, en ne s'estimant pas à la hauteur des responsabilités parentales, et complètement inefficace en termes d’éducation.
Les signes et symptômes du burn-out parental peuvent varier d'un parent à l'autre. Les trois composantes ci-dessus peuvent se manifester à travers:
de l'irritabilité et de la colère avec des réactions exagérées face à des petites contrariétés, une patience réduite et une tendance à s'emporter facilement;
de l'anxiété;
une perte d'énergie;
des troubles du sommeil et de l’appétit avec des problèmes d’endormissement, des réveils fréquents, un changement d’habitudes alimentaires (envie de sucres rapides pour des coups de fouet ou au contraire, perte d’appétit);
une perte de plaisir et d’intérêt, pour des activités autrefois agréables, comme ne serait-ce que passer du temps avec ses enfants;
voire des pensées négatives envers soi-même ou ses enfants.
C’est la durée et l’intensité des symptômes qui permettront de différencier le stress quotidien du burn-out. Le stress classique est généralement temporaire. Il peut être atténué par le repos et le changement d'activité. Le burn-out familial est plus persistant et profond. Il affecte significativement le fonctionnement quotidien et la qualité de vie.
Mythe du parent parfait et réalité du burn-out
Dans la société contemporaine, l'image du parent parfait est omniprésente. Elle est alimentée par les médias, les réseaux sociaux, les attentes culturelles et les normes de parentalité souvent irréalistes. Cette idéalisation de la parentalité crée une pression éducative intense: les parents se sentent obligés de répondre à des standards élevés dans tous les aspects de l'éducation de leurs enfants.
Le mythe du parent parfait repose sur l'idée qu'un bon parent doit toujours être:
patient;
créatif;
et pleinement engagé dans le développement et le bien-être de son enfant.
C’est comme si cette vision idéalisée ignorait les défis réels du quotidien et les difficultés inhérentes à la parentalité. Elle omet la fatigue, le stress et les moments d'incertitude qui font naturellement partie de l'éducation des enfants. Elle fait fi du rythme de vie dans lequel on peut se trouver emporté si l’on n’y prend pas garde.
L'impact de cette pression sur la santé mentale des parents est insidieux et considérable. Si tu luttes pour correspondre à cet idéal inatteignable, tu peux ressentir un sentiment d'échec, de culpabilité et d'inadéquation. Ce combat constant peut mener à l'épuisement émotionnel et, dans certains cas, au burn-out parental. Submergé par la pression de répondre à ces standards irréalistes, on atteint un point de rupture émotionnelle et physique.
Il existe des moyens de se préserver de l’effet «parent parfait». En reconnaissant, dans un premier temps, que le parent parfait n'existe pas. Chaque parent fait de son mieux dans des circonstances données. Cela devrait être non seulement suffisant, mais aussi célébré.
Certains et surtout certaines humoristes, comme Florence Foresti, Élodie Poux, etc. se sont attachées à déconstruire le mythe du parent parfait. De plus, les enfants n’ont absolument pas besoin d’un parent parfait. Ce qui les aide à grandir, c’est d’avoir un parent qui reconnaît qu’il s’est trompé, qui traverse des émotions, qui accepte sa vulnérabilité, et qui adopte une posture parentale adaptée à la situation. Je te propose d’alléger la charge de la parentalité et d’ouvrir la voie à une expérience plus authentique et épanouissante.
Comment prévenir le syndrome d’épuisement parental?
Comment se prémunir du burn-out parental? Comment éviter de se laisser happer par les injonctions de la société, quand tu ne cherches finalement que quelques conseils pour accompagner au mieux ton enfant?
Je pourrais te donner une liste de conseils, comme ceux que tu peux trouver sur le net et dans les magazines: prendre soin de toi, déléguer, demander de l’aide, revoir tes attentes, lâcher-prise, prendre des pauses, gérer ton stress, te coucher plus tôt bien sûr, etc.
Mais ce serait de nouveau te confronter à des commandements qui ne t’aideront pas à travailler sur ce qui dysfonctionne. Les conseils, ce sont un peu des pansements, des rustines sur des fuites… et ça ne tient pas toujours. Et cela ne traite pas l’origine de l’épuisement.
Et en même temps, je comprends qu’on aille chercher des informations pour apprendre à élever son enfant… car s’il y a bien une chose qu’on n’apprend pas avant d’avoir un enfant, c’est celle-là : comment accompagner le développement de son enfant? On procède souvent par imitation, de ses propres parents, de ce que l’on a pu observer dans son entourage, dans la société. Mais on reste régulièrement démuni face aux nouvelles situations que provoque l’arrivée d’un bébé.
#1 - S’informer sur l’éducation à l’heure des réseaux : avec modération
Le risque en allant piocher des conseils auprès de comptes de parents, c’est de tomber dans la comparaison et la culpabilité. Ce type de sources d’informations peut te faire plus de mal que de bien. Les réseaux ne montrent que ce que les personnes ont envie de dévoiler. Rares sont celles qui montrent l’envers du décor. Du coup, on a l’impression que tout est merveilleux chez eux : les enfants jouent tranquillement, dans une maison rangée, mangent de bons petits plats faits maison, sont toujours impeccablement habillés, obéissent, personne ne crie, tout le monde s’entend à merveille, etc.
C’est important d’avoir en tête que nombre de photos sont mises en scène, pour diverses raisons: pour mettre en avant une marque (et oui, c’est de la publicité) ou pour éviter que la brigade des parents, enfin surtout celle des mamans parfaites ne débarquent en commentaires.
Il est préférable de se tourner vers des professionnels reconnus, qui travaillent sur le sujet de l’éducation. Il est bon aussi d’écouter différents avis, car certains, pour faire le buzz médiatique, n’hésitent pas à être extrêmes dans leurs propos, sans donner d’explications argumentées: d’un côté, les partisans d’un cadre éducatif strict avec recours à la punition et au time-out, de l’autre, ceux qui appellent à ne pas contrarier un enfant. Je t’invite à lire mon article comment poser un cadre éducatif?
Enfin, piocher un conseil par-ci, un conseil par là peut être risqué, car l’ensemble manquera de cohérence et l’enfant le sentira.
#2 - Suivre ton intuition
Mais alors, comment apprendre à élever tes enfants? En tant que parent, tu es celle ou celui qui connaît le mieux ton enfant. C’est au fond de toi. Si tu as un choix à faire, tu peux déjà écouter ce que ton intuition te dit, te chuchote à l’oreille. Parce que tu veux le bien-être de ton bébé, de ton enfant. Par exemple, si tu sens que pour le moment, il est important que ton enfant, qui manifeste de grosses crises d’angoisse, dorme dans ta chambre, fais-le. Discutes-en éventuellement avec le médecin, le professionnel de santé qui lui apporte le soutien psychologique, les soins nécessaires.
Si tu demandes à ton entourage, te renseignes sur les forums à droite à gauche, tu risques d’avoir tout et son contraire comme conseils: «si tu fais ça, c’est fichu, il ne voudra jamais retourner dans sa chambre.», «Moi, c’est non, chacun sa chambre», «tu as raison, vive le cododo tant que les enfants en ont envie», etc.
Fais-toi confiance et suis ce que ton cœur et ton ventre te disent. Une maman m’exposait qu’elle avait mis en place le tableau des récompenses. Mais elle ne s’y tenait pas vraiment, car, au fond d’elle-même, elle n’adhérait absolument pas au principe des récompenses. Elle avait trouvé cette astuce sur internet et pensait avoir trouvé la solution pour que ses enfants appliquent les routines sans avoir besoin de répéter et crier chaque jour.
Une amie me racontait, quant à elle, qu’elle s’était souvent vu reprocher le fait de trop accompagner ses enfants dans leurs devoirs, alors qu’ils auraient dû à leur âge les faire tout seuls? Elle avait senti régulièrement des reproches implicites, à trop se rendre disponible pour ses enfants, pour leurs trajets, leurs repas, etc. On lui faisait comprendre qu’elle risquait d’entraver leur autonomie, leur indépendance, qu’elle était trop maternante.
Ses enfants, devenus jeunes adultes, vont bien. Ils ont quitté le foyer. Ils sont responsables, autonomes. Ils ont pris leur envol, savent demander de l’aide s’ils en ont besoin. «Ça valait la peine de les accompagner comme je l’ai fait, m’a-t-elle confié. Et puis, chaque individu, chaque enfant, a certes les mêmes besoins, il n’en reste pas moins unique, notamment dans la satisfaction de ses besoins».
#3 - Agir sur les relations au sein de la famille
Les parents ont rarement conscience de ce qui les épuise dans leur rôle. Au-delà bien sûr du bébé qui ne fait pas encore ses nuits, pleure pour se faire comprendre, etc.
Ils sentent bien qu’ils sont un peu à bout de souffle, qu’ils s’énervent très rapidement, que chaque journée leur coûte encore plus en énergie. Mais ils ont l’impression que c’est ainsi, qu’ils font sans doute quelque chose de mal, mais ils ne savent pas quoi. Ils se disent que c’est une étape, un moment à passer. Cela ira mieux quand les enfants seront grands.
Or, en observant de plus près, on peut se rendre compte que, dans bien des cas, une cause essentielle de l’épuisement familial provient du système anti-relationnel qui prévaut au sein du foyer. En prêtant attention à ce qui se dit, à ce qui se joue, on s’aperçoit que des saboteurs s’invitent dans les relations : des phrases, des habitudes, qui semblent anodines, mais minent la qualité des relations et l’estime de soi des enfants. Un modèle de communication involontairement conflictuel ou non soutenant s’établit.
La solution ne réside pas dans de simples ajustements superficiels, mais dans une transformation profonde de la manière de communiquer avec tes enfants. Remplacer ces saboteurs par un système relationnel plus positif, basé sur l’écoute, le respect mutuel et l’expression clair des besoins et des attentes permet de créer un environnement familial plus harmonieux. L'adoption de cette nouvelle forme de communication permet de réduire significativement les tensions, les conflits et l'épuisement. Cela conduit à une vie de famille plus épanouissante, où l'on peut pleinement profiter de ses enfants et apprécier son rôle de parent.
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Comment guérir du burn-out familial?
Parfois, il est trop tard pour prévenir, le burn-out est déjà une réalité. Comment le traiter?
La première étape consiste à reconnaître et à accepter cet état. Ne pas en prendre conscience et rester dans le déni risquent d’aggraver la situation.
La deuxième étape vise à chercher une aide professionnelle. Si tu as reconnu les symptômes du burn-out parental, ou si tu as un doute, rapproche-toi d’un professionnel de santé et n’hésite pas à te faire accompagner pour:
- explorer les causes de ton burn-out;
- travailler sur ces causes pour retrouver une vie familiale apaisée, sereine, équilibrée.
Plusieurs axes thérapeutiques peuvent être nécessaires: l’aide d’un psychologue pour travailler sur soi, sur ses anxiétés, des échanges avec un spécialiste des relations parents-enfants, etc.
Ces personnes extérieures à ta vie de famille peuvent t’apporter un regard éclairé sur la situation, t’accompagner à lâcher-prise par rapport à la perfection, t’aider à te mettre des priorités, à revoir tes attentes.
Pendant cette période de soins, n’hésite pas à t’appuyer sur un réseau de soutien, familial, amical, communautaire. Occasionnellement, participer à des ateliers parents-enfants avec des activités manuelles ou autres, peut être l’occasion d’échanger avec d’autres parents.
La priorité quand on est en burn-out, c’est de se soigner. Plus vite on s’y consacre en priorité, plus vite on peut en sortir, et moins les enfants seront impactés. Le traitement du burn-out parental est un processus qui demande du temps et de l'attention. Chercher de l'aide et prendre soin de soi ne sont pas des signes de faiblesse, mais des actes de force: tes enfants ont besoin d’une maman et d’un papa bien dans leurs baskets.
FAQ - Burn-out parental
Comment le burn-out parental affecte-t-il les enfants?
Le burn-out parental peut avoir un impact significatif sur les enfants en créant un environnement familial stressant, en compromettant l'implication parentale et en ayant des répercussions sur leur bien-être émotionnel. L’objectif n’est pas de culpabiliser, mais d’agir en prenant la décision de se soigner. Le burn-out parental peut engendrer:
- Une distanciation affective: le parent en burn-out peut se distancer émotionnellement de son enfant. Cela peut entraîner une déconnexion et un manque d'implication dans l'éducation et la vie de famille.
- Des blessures émotionnelles: certains enfants peuvent souffrir du manque de soutien et de la prise de distance affective du parent en burn-out.
- Des conflits et contestations: les relations conflictuelles avec les enfants et la contestation de l'autorité parentale peuvent être exacerbées en cas de syndrome d’épuisement parental. Cette situation impacte directement le bien-être des enfants et des parents.
- Une fatigue aiguë, très souvent maternelle, qui affecte la capacité à prendre soin des enfants.
Quelles sont les causes du burn-out parental?
Les origines d’un burn-out parental peuvent être multiples:
- Surcharge de travail et de responsabilités: le parent éprouve des difficultés à jongler entre les responsabilités parentales et professionnelles. Cela peut entraîner un stress chronique, qui contribue au burn-out familial.
- Pressions sociales et attentes irréalistes: l'évolution de la parentalité, l'idéalisation du « parent parfait » et les pressions sociales croissantes peuvent générer de nouvelles injonctions et tensions sur les parents.
- Isolement et manque de soutien: l’isolement familial, social, professionnel peut aggraver le stress parental et augmenter le risque de burn-out.
- Communication anti-relationnelle et conflits familiaux: les relations conflictuelles avec les enfants, la contestation de l'autorité parentale, les conflits conjugaux, la prédominance de saboteurs de relations peuvent également conduire à l’épuisement familial.
Source : Revue de la littérature relative au burnout parental